L'Astrologie est l'une des plus vieilles sciences occultes. Elle met en relation les planètes, prises isolément, avec les quatre éléments (Terre, Feu, Air et Eau), les signes du zodiaque, les humeurs du corps, les tempéraments, la combinatoire des chiffres, les pierres, les parfums et les doctrines alchimiques (qui englobent les divers rapports de l'homme avec la nature). Les couleurs s'intègrent également à cet ensemble de doctrines.

Née en Mésopotamie au XVIIIe siècle (créée par les Chaldéens, qui semblent avoir été une caste de prêtres babyloniens), l'astrologie a été, au départ, une religion fondée sur la divinisation des astres. Plus tard, les Grecs la transformèrent en une nouvelle forme de science, tout en lui conservant son caractère de religion des astres : elle devint mode d'explication rationnel du monde, en utilisant des principes, des mesures et des théories arithmétiques et géométriques. L'astrologie tisse des liens entre les mouvements des astres et les événements naturels et historiques. Ses thèmes ont marqué beaucoup de religions et de cultures ; à la Renaissance, ils jouent aussi un rôle important dans la philosophie occidentale de la nature. Plus tard, après l'apparition des sciences modernes, l'astrologie est tombée en disgrâce bien qu'elle continuât de représenter une des sources les plus aisément accessibles de notre culture.

 

A sa création, au XVIIIe siècle, l'astrologie gagna le territoire de la Suisse actuelle dans le sillage de la conquête romaine, mais n'y laissa aucun témoignage (mosaïque à Boscéaz, bassin de bronze à Augusta Raurica, dodécaèdre à Genève). A la fin de l'empire romain, elle tomba largement dans l'oubli, ne serait-ce qu'en raison de la perte des connaissances indispensable au calcul de la position des astres. En outre, les chrétiens combattaient cet art divinatoire qui mettait en doute le libre arbitre de l'homme et la toute-puissance de Dieu. Textes juridiques de Réthie, la Lex Romana Curiensis et les Capitula Remedii comprenaient des dispositions contre la divination. La vie de Saint Lucius (vers 800) et d'autres manuscrits du début du Moyen Age, comme les Recognitiones Clementis de Disentis et Saint Gall (IXe-Xe siècle), montrent que l'Eglise luttait contre l'astrologie, en dépit du fait que les astres jouent un certain rôle dans les premiers textes chrétiens (étoile de Bethléem, par exemple).

Enseignée chez les Arabes en Espagne et en Sicile, l'astrologie prit pied à nouveau en Europe au XIe siècle. Elle se répandit dans toutes les couches de la société,  devint une science reconnue et atteignit son apogée à la Renaissance, bien que de nombreux humanistes, tel Pamphilus Gengenbach, l'aient caricaturée dans des parodies de divination. Trois représentants éminents de la médecine astrologique, qui mettait en relation les diverses parties du corps avec les astres (microcosme et macrocosme), viennent de Suisse : Conrad Heingarter, Paracelse et Leonhard Thurneysser zum Thurn.

Peu avant 1500, l'astrologie apparut dans les almanachs, indiquant aux paysans les moments propices pour les travaux des champs et les saignées. La position des cinq planètes alors connues, du Soleil et de la Lune était déterminante. Au XVIIe siècle, avec le développement des sciences, l'étroite relation unissant l'astrologie, l'astronomie et les mathématiques se perdit. De plus, les Eglises accentuèrent leur lutte contre l'astrologie, notamment contre les horoscopes. Au XVIIIe siècle, les Lumières reléguèrent l'astrologie dans la clandestinité, malgré l'intérêt d'astronomes réputés. Contre le désir des lecteurs, l'astrologie disparut des almanachs dans la première moitié du XIXe siècle, ne survivant que dans certains dictons. Vers 1900, elle n'existait pour ainsi dire plus en Suisse.

 

Après la Première Guerre Mondiale, l'astrologie fut remise au goût du jour. Dès les années 1930, se créèrent des offices de consultation, des maisons d'édition et des revues, comme Trigon que fonda Frankhauser. Après la Seconde Guerre Mondiale, l'astrologie pénétra des milieux de plus en plus larges. Le mouvement "New Age" lui donna un nouvel essor dès la fin des années 1960. Sur un millier de personnes interrogées par sondage en 1982, la moitié environ croyait aux influences astrales. Les Eglises, qui avaient combattu l'astrologie comprise comme substitut de la foi, l'acceptèrent finalement en tant qu'assistance psychologique.

 

Mais malgré une apparente expansion des croyances astrales, l'astrologie n'est pas une science exacte : même si elle repose sur des règles très strictes, si elle exige rigueur et esprit de synthèse, elle fait aussi appel à l'intuition, aux associations d'idées, aux glissements de sens, à la poésie, à la mythologie. Et bien sûr au maniement des symboles, qui n'est et ne doit jamais être scientifique.

 

 

L'astrologie est porteuse d'une tradition. De nombreux esprits s'y sont intéressés : par exemple, Kepler (fondateur de l'astronomie moderne), Isaac Newton (auteur de milliers de pages  sur l'astrologie)...

 

L'astrologie est également un jeu intellectuel très complet puisqu'elle est l'art de manier les symboles, faisant travailler l'intuition sous le contrôle de la raison. Un symbole a toujours plusieurs facettes et permet d'exprimer l'inconnaissable. Chaque configuration d'un thème est une et multiple : elle explique plusieurs traits de caractère, prédit un événement de la vie d'un sujet, rappelle un détail concernant son père...

 

 

 

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