"Figurez-vous
un Allemand nommé Copernic, qui fait main basse sur tous ces cercles différents,
et sur tous ces cieux solides qui avaient été imaginés par l'Antiquité. Il détruit
les uns, il met les autres en pièces. Saisi d'une noble fureur d'astronome, il
prend la Terre et l'envoie bien loin du centre de l'univers, où elle s'était
placée, et dans ce centre, il y met le soleil, à qui cet honneur était bien
mieux dû. Les planètes ne tournent plus autour de la Terre, et ne l'enferment
plus au milieu des cercles qu'elles décrivent."
Fontenelle
Entretiens sur la pluralité des
mondes
Astronome
polonais (Toruñ 1473 - Frauenburg 1543).
Copernic provient d'une famille fortunée. Son père mourut en 1484 alors
que Copernic n'avait que dix ans. Il fut donc élevé par son oncle Lucas qui était
évêque. Lucas fournit à son neveu une solide éducation et le pourvut, à l'âge
de vingt-deux ans d'un titre de chanoine à la cathédrale de Frauenburg. Mais
il ne s'occupa presque pas de cette tâche : il poursuivit ses études dans différentes universités dans lesquelles il
étudia la philosophie, le droit, les mathématiques, la médecine, l'astronomie
et le grec. A trente-trois ans, il est reçu docteur en droit de l'université
de Ferrare.
Mais
cette charge de docteur laisse beaucoup de temps libre à Copernic. Pendant ce
temps, il réfléchit à un problème qui le passionnait : le mouvement des planètes.
Sur
ce sujet, il pensait, comme Aristarque de Samos, que les planètes tournaient
autour du Soleil et non autour de la Terre et il commença à réfléchir aux
arguments qui pourraient venir étayer cette thèse.
Il
avait trente-six ans quand il mit ses réflexions en ordre dans un court
manuscrit : c'est le Commentariolus (ce qui pourrait se traduire par Résumé).
Mais ce manuscrit ne fut pas imprimé, il resta à l'état d'ébauche, il
circula seulement chez les proches amis de Copernic.
Il
écrivit un autre ouvrage que le Commentariolus,
plus complet, qui s'intitulait Traité
sur les révolutions des mondes célestes (De Revolutionibus orbium caelestium), qui était dédié au
Pape Paul III et dans lequel il dit que c'est la peur du ridicule qui justifie
qu'il ait tellement tardé à vouloir publier :
"Je
peux présumer, Très Saint Père, que certaines gens, en apprenant que dans ce Traité
sur les révolutions des mondes célestes j'attribue certains mouvements
à la Terre, vont s'écrier que, pour avoir de telles opinions, je devrais
aussitôt être chassé de la scène à coups de sifflet... Je me suis donc
demandé longtemps si je devais publier ces réflexions écrites pour prouver le
mouvement de la Terre, ou s'il valait mieux suivre l'exemple des pythagoriciens
et d'autres qui ne voulurent impartir leurs mystères philosophiques qu'à des
amis et à des intimes, et cela non par écrit mais par parole... En considérant
ce sujet, la crainte du mépris qu'attirerait sur moi mon opinion nouvelle et
(apparemment) absurde, faillit me persuader d'abandonner mon projet."
Le
temps passe et Copernic ne publie toujours pas. C'est alors qu'intervient Rhéticus,
jeune professeur de mathématiques de vingt-cinq ans, titulaire de la chaire de
mathématiques et d'astronomie de l'université de Wittenberg. Rhéticus veut
absolument publier l'ouvrage de Copernic, faire connaître au monde sa théorie
de l'univers. L'astronome ne désirant pas publier la totalité de son œuvre,
Rhéticus commença à écrire une sorte de compte-rendu du manuscrit ; c'est ce
compte-rendu, nommé Narratio prima
(Premier exposé) qui sera
publié mais le nom de Copernic ne figure nulle part dans l'ouvrage, selon les désirs
de l'astronome.
En
novembre 1542, Rhéticus doit abandonner pour quelques temps l'idée de publier
l'œuvre complète de Copernic ; il laisse le soin à son ami Osiander, éminent
théologien, de veiller à l'impression du manuscrit et notamment d'écrire une
préface à l'ouvrage.
Quelques
heures avant sa mort, en mai 1543, son œuvre imprimée arrive enfin. Copernic délire
déjà ; il ne connaîtra jamais, heureusement, la préface écrite par
Osiander. Dans cette préface, le théologien dit qu'il ne faut pas trop prendre
au sérieux les idées contenues dans le livre "qui n'ont pas besoin d'être
vraies ni même probables... L'ouvrage contient d'ailleurs des absurdités qu'il
n'est pas nécessaire de faire ressortir ici."
Dans
ce livre, Copernic explique sans ambiguïté que le Soleil est immobile au
centre de la sphère des étoiles fixes.
Autour
du Soleil tournent les planètes, selon des trajectoires sensiblement
circulaires et sensiblement dans le même plan. On a dans l'ordre, en s'éloignant
du Soleil, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter et Saturne. La Lune tourne
autour de la Terre et est entraînée avec elle dans le mouvement circulaire de
celle-ci autour du Soleil. En outre, la Terre tourne sur elle-même, ce qui
provoque l'alternance des jours et des nuits sur la Terre éclairée par le
Soleil.
Par
contre, il conserve certaines idées des Anciens : le dogme du cercle a toujours
une valeur d'absolu pour Copernic.